AU LOIN PASSE UN NAVIRE 3 Juil. 2014

Au loin passe un navire

De Gianmarco Toto

 

 

Personnages :

 

Le camp de la plage :

Maureen

Sacha

Todd

Katie

Alec

Bonnie

 

Le camp de la caverne:

Savannah

Dante

Zoomer

Kody

Silas

Naomi

Yadira

 

Premier jour

 

Une plage au coucher du soleil. Des corps de jeunes adolescents sans connaissance sont étendus au milieu des débris d’un naufrage qui jonchent le sol.  L’un d’entre eux s’éveille, jette un œil perdu et hagard autour de lui, se redresse difficilement sur ses jambes, titube, tombe, se relève…

 

Sacha : - Bouchon ? Bouchon ? (Il cherche au milieu des débris.) Bouchon ? T’es là ?

(Il se penche vers un autre jeune sans connaissance.) Aidez-moi… Je ne retrouve pas bouchon… Aidez-moi…

 

La jeune fille, appelée par Sacha, remue puis s’éveille à son tour.

 

Maureen : (Etourdie.) - Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? Mais… (Jetant un œil rapide autour d’elle, elle prend rapidement Sacha dans ses bras.)

Sacha : - Je ne retrouve pas Bouchon. Tu l’as vu ?

Maureen : - Ne t’inquiète pas. On va le retrouver. Comment tu t’appelles.

Sacha : - Sacha… T’as vu Bouchon ?

Maureen : - Viens, on va voir…

 

Maureen et Sacha, le regard perdu, titubent au milieu des débris du naufrage et tentent de réveiller les autres jeunes qui sont toujours sans connaissance.

 

Maureen : - Hé, réveillez-vous… Ça va ?

Todd : (S’éveillant brusquement comme d’un cauchemar.) – Quoi… Qu’est-ce que c’est…

Maureen : - Ça va ?

Todd : (En se frottant les yeux éblouis par la lumière.) - Oh, ma tête...  Ouais, ça va… (Après avoir jeté un œil autour de lui.) On est où ?

Maureen : - Je ne sais pas… Sur une plage…

Sacha : - T’as vu bouchon ?

Todd : (Encore étourdi.) – Bouchon ? Non, je n’ai pas vu bouchon… Les autres ?

Maureen : - Ils se réveillent… Enfin, je crois…

 

Todd se redresse très vite sur ses jambes. Il titube un instant.

 

Maureen : - Ça va ?

Todd : - Ouais, ça va, ça va… (Il jette un œil autour de lui.) Foutue tempête… (Il se penche vers une jeune fille près de lui.) Katie ? Hé, Katie, ça va ?

Katie : (Se redressant.) Ouf… Ma tête… Todd ? C’est toi ?

Todd : - Ouais, c’est moi. Je suis avec…

Maureen : - Maureen, je m’appelle Maureen et lui c’est Sacha…

Katie : - (En jetant un œil autour d’elle.) On est où ? Et les autres ?

Todd : - On va voir… Bouge pas…

Sacha : - T’as vu bouchon ?

Katie : - Bouchon ?...

 

Katie ne répond plus lorsqu’elle découvre le chaos qui règne sur la plage. Elle se redresse pendant que Maureen et Todd rejoignent les autres qui émergent de leur léthargie. Les rescapés errent lentement, hagards et désespérés, au milieu des débris du naufrage.

 

 

Deuxième jour

 

Les jeunes rescapés, encore secoués par leur naufrage, ramassent tous les objets qui jonchent le sable de la plage. L’un d’entre eux est assis face à la mer et ne bouge pas.

 

Alec : (Un paquet dans la main.) Qu’est-ce qu’il peut bien y avoir là-dedans ?

Todd : - Ouvre-le, tu verras bien.

Alec : - Tu crois que je peux ? Ça appartient sans doute à quelqu’un…

Todd : - Ça appartenait à quelqu’un. Tu vois qui d’autre à part nous sur cette plage ?

Alec : - Je sais, mais…

Todd : - Ouvre-le, je te dis. Si tu crois que c’est le moment de faire des manières.

Alec : - Ok. C’est bon. Je l’ouvre…

 

Alec s’isole pour ouvrir le paquet. Maureen s’approche de Todd en ne quittant pas du regard la jeune fille qui reste plantée devant la plage sans bouger.

 

Maureen : - Todd...

Todd : - Quoi ?

Maureen : (En faisant un signe de tête en direction de la fille assise face à la mer.) - T’as vu ?

Todd : - Ouais… Et alors ?

Maureen : - Tu crois qu’elle fait quoi ?

Todd : - Ben, rien. Ça se voit, non ?

Maureen : - Mais non, je ne dis pas ça. Tu crois qu’elle a encore toute sa raison ? Ca fait plusieurs heures qu’elle bloque comme ça…

Todd : - Et bien, va vérifier.

 

Et Todd se remet à fouiller dans les décombres rejetés par l’océan.

Maureen se rapproche de la jeune fille et s’assoit à côté d’elle.

 

Maureen : - Ça va ?

Bonnie : - Ils tenaient tellement à faire cette croisière. Ils se faisaient une joie… Je ne les avais jamais vu aussi heureux…

Maureen : - Tu veux parler de…

Bonnie : (En adressant un regard plein de larmes à Maureen.) Maintenant, je ne les reverrai jamais plus, c’est ça ?

Maureen : - Tu devrais pas dire ça… Regarde, nous, nous sommes là… Alors, peut être que…

Bonnie : - Je crois que je n’aimerai plus jamais l’océan… Quand j’étais petite, on se promenait souvent en bord de mer… On n’avait une cabane dans le Maine, juste au bord d’une plage… On faisait des ballades interminables… Et maintenant…

Maureen : - Arrête… Peut être qu’ils s’en sont sortis… Peut être que…

Bonnie : - Je les ai vu… Ils ont coulé, comme tous les autres… La mer les a avalé… Alors, ne me raconte pas… (Elle s’effondre en larmes. Maureen la prend dans ses bras.)

 

Un peu plus loin, Katie et Sacha fouille aussi les débris du naufrage.

 

Sacha : - Il y a plein de trucs partout…

Katie : - Ouais… Comment s’y retrouver ? (Découragée, elle s’assoit mollement dans le sable.)

Sacha : - Il y a même des chaussures…

Katie : - Et bien, ramasse-les, ça pourra toujours nous servir.

Sacha : - Ouais mais, ça se mange pas des chaussures…

Katie : - Peut être mais ça évite d’avoir mal aux pieds…

Sacha : - J’ai faim…

Katie : - Je sais… On a tous faim…

Sacha : (S’asseyant par terre en signe d’abandon.) - J’ai faim et je voudrai retrouver Bouchon…

Katie : - Ecoute, faut que tu nous aides. On n’a pas le choix… Tu comprends ?

Sacha : - Je veux retrouver Bouchon…

Katie : (Montrant des signes d’agacement.) - Recommence pas avec ton Bouchon… Et puis si tu restes comme ça, tu n’auras pas beaucoup de chance de le retrouver… (Voyant que Sacha s’est repliée sur elle-même, elle radoucit le ton.) Ok, tu sais ce qu’on va faire ? On va continuer à chercher ce qui pourrait nous être utile et en même temps on cherche Bouchon… Tu veux bien m’aider à le retrouver ? Toute seule, je n’y arriverai pas…

 

Sacha, toujours boudeuse, se relève et continue de chercher. Katie la rejoint et poursuit les recherches à son tour.

 

Alec : (Qui a réussi à ouvrir le paquet qu’il avait trouvé.) Oh, galère… De la farine…

Todd : - Quoi ?

Alec : - Il n’y a que de la farine dans ce foutu paquet… Tu m’expliques à quoi ça va nous servir si on n’a pas de four à pain ?

Todd : - Qu’est-ce que tu racontes ? Montre voir…

 

Todd plonge un doigt dans le paquet et goutte la poudre blanche.

 

Todd : - Merde alors…

Alec : - Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

Todd : - C’est pas de la farine, patate va, c’est de la blanche…

Alec : - De la blanche ?

Todd : - De la poudre, de la coke, naïf va…

Alec : - Ho, tu délires ou quoi ?

Todd : - Puisque je te le dis…

Maureen : (Se rapprochant des garçons avec Bonnie.) – Qu’est-ce que vous avez trouvé ?

Alec : - Il y a Todd qui nous fait un délire. Il dit qu’il a trouvé de la coke…

Todd : - C’est pas du délire, face de gland, c’est de la cocaïne je te dis…

Maureen : - Mais comment tu peux savoir que c’est de la cocaïne ?

Todd : - Crois-moi, dans mon quartier, il y a un paquet de types qui refourguent cette camelote à des gens. Alors, ça me connaît…

Bonnie : (Jetant un œil autour d’elle.) – Hé, regardez, tout autour, il y a des paquets semblables partout sur le sable.

 

Todd et Alec ramasse plusieurs paquets et les entassent. Todd en crève plusieurs…

 

Todd : - Oh, la galère,… Il y en a pour une fortune…

Bonnie : - Ouais, ben, touchez pas à ça, c’est de la merde…

Maureen : - Bonnie à raison. Faut la brûler…

Alec : - Et avec quoi ? T’as des allumettes ?

Todd : - Non mais qu’est-ce que vous délirez ? Si ça se trouve, c’était déjà sur le bateau, en fraude. Il y a des mecs qui vont se mettre à vouloir la retrouver, c’est sûr. Ça coûte un paquet de pognon, ça…

Alec : - Combien ?

Todd : - A vue de nez, il y en a pour des millions… T’imagine pas, à cent euros le gramme, c’est tout bénef…

Maureen : - Bon et alors, tu veux faire quoi ? Tu veux qu’on se nourrisse de cocaïne ? Explique-moi à quoi ça va nous servir.

Todd : - Mais réfléchi un peu dans ta tête de fille, c’est notre billet de retour. Autant de pognon, les mecs à qui elle appartient vont partir à sa recherche. Et s’ils débarquent ici…

Bonnie : - Et s’ils débarquent ici, vont tous nous zigouiller tu veux dire… C’est des violents ces mecs là…

Todd : - Et si tu la détruit ce sera pire…

 

On entend soudain une exclamation de Sacha.

 

Todd : - Mais bordel, qu’est-ce qu’il y a encore ?

Sacha : (Courant vers le groupe en brandissant une peluche et suivie de Katie.) – Je l’ai retrouvé, je l’ai retrouvé, j’ai retrouvé Bouchon,… Regardez… (Lorsqu’elle sent que quelque chose d’inhabituel se passe, elle stoppe net son élan, imitée par Katie.) Qu’est-ce qu’il y a ?

 

 

Troisième jour

 

C’est le crépuscule. Un camp de fortune a été monté sur la plage. Todd finit d’amarrer l’auvent fait de bâches récupérées, Katie, Bonnie et Sacha plient des couvertures et rangent divers accessoires, Alec, armé d’une sorte de canne de fortune, pêche au bord de l’eau. Maureen le rejoint.

 

Maureen : - Alors ? Ça mord ?

Alec : - Ça merde, tu veux dire… Complètement foireuse cette canne à pêche… Qu’est-ce que tu veux que je prenne avec ça ?

Maureen : - Hé, paraît qu’il faut être patient quand on pêche…

Alec : - Patient ? Je trouve que je l’ai déjà été suffisamment avec l’autre là. (Il fait un signe de tête en direction de Todd.)

Maureen : - Ça va. Todd est pas simple comme mec mais il essaie de faire au mieux lui aussi.

Alec : - Ouais, ben qu’il commence par arrêter de m’appeler face de gland, sinon je te jure que je lui en colle une, moi. Avec ses grands airs, il se prend pour le chef…

Maureen : - C’est l’aîné de nous tous. C’est normal qu’il réagisse comme ça…

Alec : - C’est normal ? Qu’est-ce qui est normal, ici ? De faire une croisière sur un foutu rafiot, d’essuyer une tempête comme je n’en ai jamais vu, de sombrer corps et biens au beau milieu du pacifique et de se retrouver sur cette maudite île dont on ne connaît rien ? C’est ça que tu trouves normal ?

 

Maureen ne dit plus rien pendant un instant.

 

Maureen : - Tu voyageais… (Se ravisant gênée.) Enfin, je veux dire…

Alec : - Quoi, si je voyageais seul ? C’est ça que tu veux savoir ?

Maureen : - Désolée…

Alec : - Te formalise pas. J’étais avec mes grands-parents. Deux vieux cons, bourrés de tunes comme tout le reste de ma conne de famille. (Prenant un ton cynique.) Et oui, tu as le grand privilège de discuter avec un gosse de riches… Ne fais pas cette tête, je ne suis pas en train de me la péter.  Je suis désolé pour mes grands-parents, même s’ils étaient cons, ils ne méritaient pas de crever comme ça. Personne ne mérite de crever comme ça mais bon, qu’est-ce que tu veux ? Tu veux que je chiale ? J’ai trop chialé si tu veux savoir : chialer en attendant que mes parents s’occupent de moi ou rentrent à la maison, chialer en les entendant se disputer tous les jours, chialer en les voyant divorcer et se déchirer… Jusqu’à présent j’ai pas arrêté de chialer et là, c’est étrange, j’ai même plus envie… Je suis comme une fontaine qui n’a plus d’eau… Ouais, c’est ça… Putain, j’ai soif d’un coup…

Maureen : - Tes parents vont quand même s’inquiéter…

Alec : - Eux ? S’inquiéter ? (Un instant de silence où il sourit avec le même cynisme.) Ouais… Ben, on verra…

 

La ligne que tient Alec se met à bouger.

 

Maureen : - Alec, ça bouge…

Alec : - (Tenant fermement sa canne de fortune.) Oh, bordel ! (Criant.) Hé, on va bouffer ce soir, on va bouffer…

 

Le petit groupe court avec entrain et joie vers Alec qui continue de se débattre avec sa ligne.

 

 

Quatrième jour

 

C’est la nuit. Les jeunes naufragés dorment profondément regroupés sous la tente improvisée. Des ombres se faufilent autour du camp. Elles fouillent, furètent, se redressent à des moments pour surveiller les jeunes endormis. Puis lorsque Bonnie se redresse soudainement, elles disparaissent.

 

Bonnie : - Qui est là ? Hé… Réveillez-vous… Réveillez-vous…

Todd : (Se redressant avec vivacité.) Quoi ? Qu’est-ce que c’est ? (Il s’arme d’une massue improvisée et disparaît dans l’obscurité.)

Bonnie : - Todd ! Reviens…

Maureen : - Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qu’il y a ?

Bonnie : - Il y avait quelqu’un ou quelque chose...

Katie : - Quoi, t’as vu quelqu’un ?

Bonnie : - Y avait quelqu’un, là. J’ai entendu…

Sacha : - On a touché à nos affaires…

Alec : - Quoi ?

Sacha : - On a touché à nos affaires. Elles n’étaient pas rangées comme ça…

Alec : - Sacha a raison.

Maureen : - Mais qui ça peut bien être ?

Alec : - Des indigènes…

Bonnie : - Hein ?

Alec : - Des sauvages, quoi…

Bonnie : - Arrête, c’est trop flippant.

Alec : - Et tu t’attendais à trouver quoi sur une île paumée en plein pacifique ?

Maureen : - T’es con, Alec, tu fais flipper tout le monde…

Alec : - Ben quoi, c’est pas des singes qui ont fait ça si tu veux mon avis. Les singes, ça crie, ça gesticule et là, on a rien entendu…

Sacha : - Voilà Todd qui revient…

Todd : (Essoufflé en s’écrasant sur le sable.) La vache ! Ils étaient au moins une bonne demie douzaine, j’en suis sûr… Mais, rapides, les salauds…

Katie : - C’était qui tu crois ?

Todd : - J’en sais rien… Fait trop noir…

Katie : - On fait quoi maintenant ? Moi, je vais pas réussir à dormir s’il y a des gens, là…

Alec : - Pas des gens, des indigènes… des sauvages peut être même cannibales…

Sacha : (En se réfugiant dans les bras de Katie.) - C’est quoi des cannibales…?

Katie : - Ta gueule Alec, tu fais peur à Sacha…

Todd : - Ok, on se calme. On organise des tours de garde… Maureen et moi on reste éveillé pendant quatre heures et le prochain quart, c’est Alec et Bonnie qui…

Alec : - (Agacé.) Ça y est, monsieur recommence à nous donner des ordres.

Todd : - Quoi, il est où ton problème, toi ?

Alec : - C’est toi, mon problème. Tu donnes tour le temps des ordres… Tu te prends pour le chef ?

Todd : - Qu’est-ce qu’il me fait lui ?

Bonnie : - On se calme, ok ? Vous n’allez pas commencer vos trucs de mecs…

 

Les garçons se calment très vite. La tension retombe. On entend un cri d’animal dans la nuit.

 

 

Cinquième jour

 

Le groupe des rescapés est réuni autour de Todd. Alec se tient à l’écart.

 

Todd : - Bon. Tout le monde a compris ? On ne se sépare pas pendant l’exploration. On fera des pauses de quinze minutes toutes les deux heures. Est-ce qu’on a assez de rations d’eau ?

Bonnie : - Ça devrait nous permettre de tenir la journée.

Maureen : - Faut revenir avant la tombée de la nuit, sinon c’est trop dangereux.

Sacha : - Moi, je veux venir aussi…

Katie : - Tout le monde vient. Toi aussi…

Alec : - Non, pas moi.

Bonnie : - Qu’est-ce que tu dis ? Tu n’y penses pas ?

Alec : - Si justement, j’ai bien réfléchi. Je garde le camp, je préfère. Si les autres se pointent, ils ne pourront pas toucher à nos affaires.

Maureen : - Todd. Dis quelque chose…

Todd : - Il a raison. Faut quelqu’un pour garder le camp. Allez en route. Faut prendre de l’avance avant que le soleil ne soit trop haut.

 

Le petit groupe s’éloigne. Todd va au devant d’Alec et lui tend la massue improvisée.

 

Todd : - Tu la gardes. Au cas ou… Et fait gaffe à toi… S’il se passe un truc bizarre… (Il sort une sirène portative d’un paquet.) Tu la fais sonner et on rapplique…

Alec : (Un sourire en coin.) Ouais, chef, t’inquiète chef…

 

Todd s’éloigne en esquissant un sourire à Alec qui s’assoit dans le sable une fois seul.

 

 

Plus tard le cinquième jour

 

Alec s’est assoupi à l’ombre de la tente de fortune. Une jeune silhouette, rapide et discrète, se faufile jusqu’aux affaires des naufragés. Alec se réveille d’un bon en se saisissant de sa massue.

 

Alec : - Hé, toi, bouge-pas, voleur…

 

Alec n’a pas le temps de faire un mouvement de plus qu’une petite troupe de jeunes étrangers l’encercle en le menaçant de leurs arcs. Alec ne bouge plus. Une jeune fille, arc tendu, s’avance vers Alec.

 

Savannah : - Une demi douzaine de flèches contre ta massue… Tu n’as aucune chance… Pose ton arme... Doucement…

Alec : - Qui êtes-vous ?

Savannah : - Tu n’es pas autorisé à poser des questions.

Alec : - Pourquoi ? Qu’est-ce que vous faites là ?

Savannah : (Plus menaçante.) Tais-toi. (Aux autres membres de son clan.) Allez, vous autres, bâillonnez-le et couvrez lui le visage. On l’emmène…

 

Alec n’a pas le temps de faire un mouvement qu’il est tout de suite cerné, ligoté, bâillonné et cagoulé. Puis la petite troupe s’éloigne en emmenant le prisonnier.

 

 

 

Au zénith du cinquième jour

Dans une caverne. Alec est assis, toujours ligoté et cagoulé. Il est entouré de plusieurs jeunes qui le tiennent encore en joue avec leurs arcs.

 

Alec : - Hé, j’ai du mal à respirer sous ce machin… (Un silence.) Répondez pas surtout… Hé, ho, du bateau, il y a quelqu’un ?

Savannah : (Secouant rudement Alec.) Boucle-là si tu ne veux pas qu’on en finisse avec toi.

Alec : - (Avec ironie.) On ne t’a jamais dit que tu avais la voix et les manières les plus douces au monde ?

 

Un garçon apparaît au milieu du groupe. Il retire la cagoule qui aveuglait Alec. Ce dernier cligne des yeux un moment jusqu’à ce que sa vision s’habitue à la pénombre ambiante.

 

Dante : - Je m’appelle Dante…

Alec : - (Toujours avec ironie.) Ah, c’est ça qu’on appelle l’enfer de Dante ?

Dante : (Rudement.) - Ton nom…

Alec : - Alec. Pas la peine de le prendre sur ce ton. On peut essayer de faire connaissance calmement.

Dante : (Même jeu à Alec.) Tu apprendras qu’ici on adopte le ton qu’il est nécessaire d’adopter. Pour l’instant tu es notre prisonnier. Evite à l’avenir de faire de l’esprit. (Il se tourne vers Savannah.) Les autres ?

Savannah : - Ils sont partis explorer l’île.

Dante : - Zoomer, vérifie que nous n’avons pas été suivi.

 

Zoomer grimpe sur une hauteur face à une ouverture dans la paroi de la caverne.

 

Zoomer : - La forêt est calme. Aucun signe de vie sur la plage pour l’instant.

Alec : - Waouh ! Sacrée vision le zoomer. C’est le dernier modèle ?

Kody : (En le saisissant par le col.) T’as peut être pas compris ce que Dante a dit ? Faut que je te rappelle à l’ordre ?

Dante : - Du calme Kody. Il va changer de ton lorsqu’il verra ce qu’il attend. Alors, Alec, qu’est-ce que vous faites sur notre territoire ?

Alec : - Ben, si on avait eu le choix, je pense qu’on aurait évité de prendre des vacances forcées sur cette maudite plage. Notre bateau s’est retourné. T’es pas au courant ? L’autre, là, ton zoom dernier modèle n’a pas vu ça ?

Zoomer : (En sautant de sa hauteur et dégainant un couteau sous la gorge d’Alec.) Arrête de m’appeler comme ça ou je te saigne…

Dante : - Zoomer, laisse-le. (Un silence.) Nous savons. Nous avons vu. Lorsque les débris du naufrage ont commencé à s’échouer sur le rivage…

Alec : - Et vous ? Qu’est-ce que vous faites, ici ?

Kody : - Tu poses trop de questions. Ne parle que lorsque on te le demande.

Silas : - Qu’est-ce qu’on va faire de lui ? On ne peut pas le garder indéfiniment…

Naomi : - Silas a raison, Dante. Les autres vont vouloir le retrouver dès qu’ils verront qu’il a disparu.

Alec : - Et oui, il n’y a pas que vous qui formez une grande famille.

Yadira : (Prenant Dante à part.) Dante, ils viennent du continent. Tu sais ce que ça signifie ? Tôt ou tard, quelqu’un viendra  chercher des survivants.

Naomi : (Qui a rejoint l’aparté entre Dante et Yadira.) - Notre île est la plus proche du site du naufrage. Ils vont faire le rapprochement.

Yadira : - Si quelqu’un découvre notre présence ici, il en sera fini de notre clan, de la vie qu’on mène ici…

Dante : - Suffit ! Je sais. (Il se tourne vers Alec.) A part vous, est-ce qu’il y a d’autres naufragés ?

Alec : - Non… Je ne crois pas… Je crois que nous sommes les seuls…

Savannah : - J’espère pour toi que tu ne nous racontes pas d’histoires sinon je crains pour ta peau…

Dante : (A son clan.) – Venez à côté. Faut qu’on parle.

 

Dante et sa troupe s’éloigne d’Alec qui reste seul à présent.

 

Alec : - Hé, me laissez pas seul ici. Ça pue et c’est humide… (Seul se parlant à lui-même.) Puis je suis sûr qu’il y a de grosses tarentules velues ou des pythons géants qui traînent par là… Oh, merde, merde, merde, mais qu’est-ce qu’ils foutent les autres…

 

 

Le crépuscule du cinquième jour

 

Au camp de la plage, le reste du groupe, revenu d’exploration, cherche Alec. On entend hurler le prénom d’Alec dans toutes les directions.

 

Todd : - Quel gros nul celui-là ! Où est-ce qu’il est allé encore ?

Sacha : - Peut être qu’il avait une envie pressante et qu’il est au petit coin…

Maureen : - C’est pas normal. Même s’il fait ce que tu dis, il peut nous répondre…

Bonnie : (Se figeant soudain.)Regardez… Près de la tente…

 

Katie s’approche de la tente et ramasse une flèche qu’elle apporte à Todd.

 

Katie : - Les indigènes sont passés par-là.

Sacha : - Les indigènes ? Ça veut dire qu’ils ont attrapé Alec ?

Bonnie : - On n’en sait rien Sacha. Ne t’inquiète pas. On va le retrouver.

Todd : - Si c’est eux qui ont fait le coup, il est trop tard pour partir à sa recherche. La nuit va tomber. Ce serait trop dangereux.

Maureen : - Demain, on essaiera de le trouver.

Todd : - Pour cette nuit, faut rester vigilants. On double la garde. Ils peuvent revenir.

Sacha : - J’ai peur… Ils vont venir nous prendre aussi ? Comme Alec ?

Katie : - T’inquiète pas Sacha. Pour cette nuit, on risque rien. Nous sommes trop nombreux.

 

 

La nuit du cinquième jour

 

Les jeunes du clan de la caverne sont en réunion.

 

Savannah : - Nous avons fait le tour de l’île et aucun autre rescapé n’a été trouvé.

Dante : - Ils sont donc les seuls.

Naomi : - Qu’allons-nous faire, Dante ? Sommes-nous obligés d’en venir là ?

Dante : - De quoi parles-tu, Naomi ?

Naomi : - Tu sais très bien de quoi je parle. Nous avons tous fait le choix de rester…

Kody : - On ne peut pas accepter d’agrandir notre groupe. Tu sais que c’est impossible.

Yadira : - Comme tu pensais qu’il était impossible de survivre, Kody. Rappelle-toi…

Kody : - C’était avant. Avant que nous ne décidions de nous en sortir par tous les moyens. Je me souviens, Yadira, inutile de me faire la leçon. Mais combien d’entre nous s’en sont sortis et combien n’ont pu survivre ?

Silas : - Nous devons nous en débarrasser. Nous n’avons pas le choix.

Yadira : (S’emportant.) - Tu n’y penses pas. Nous ne sommes pas des meurtriers. Tu es devenu fou, Silas.

Silas : - Il en va du sort de chacun ici. Ils n’arriveront jamais à s’habituer…

Savannah : - Et pourtant. On s’habitue à tout. Voyez ce que nous étions et ce que nous sommes devenus. Nous nous sommes échoués comme eux sur cette plage. A présent, nous ne faisons plus qu’un avec cette île. (Se tournant vers Dante.) Dante, dis quelque chose.

Dante : (Après un silence.) Je me souviens du jour où nous nous sommes réveillés sur la plage. Le soleil pointait à l’horizon. Il faisait frais ce matin là. Chacun d’entre vous gisait encore inconscients sur le sable. Il y avait quelque chose de beau et de terrible à la fois dans la vision de ces corps répandus. Comme une naissance. Comme un nouveau jour. Et lorsque vous vous êtes réveillés un par un, vos yeux avaient déjà pris la couleur de l’île, la couleur de l’eau. Je savais que nous étions perdu au milieu de l’océan. Je sentais que, pour nous, la vie prenait une autre direction, que jamais personne ne viendrait nous chercher, que nous faisions partie de tous ces disparus qui gisent seulement dans la mémoire de ceux qui les ont connu.

Savannah : - Nous sommes morts ailleurs mais vivants ici.

Dante : - C’est cela. Quels souvenirs vous restent-ils de votre vie passée ? Toi, Kody, te souviens-tu de ta famille, de tes parents, de tous ceux que tu as connu ou fréquenté ?

Kody : - J’ai effacé de ma mémoire ceux qui m’ont oublié et laissé là.

Yadira : - Mais peux-tu leur en vouloir ? Crois-tu qu’ils n’auraient pas souhaité te revoir, te savoir vivant ?

Savannah : - Nous sommes morts pour eux et ils n’ont toujours pas fait leur deuil…

Dante : - C’est cela. L’île est notre purgatoire, une zone de transit. Nous ne sommes ni morts, ni vivants.

Silas : - Et c’est cela que vous voudriez faire vivre à ceux qui viennent de s’échouer sur l’île ?

Naomi : - Tu l’a bien vécu, Silas. Penses-tu qu’ils n’en seraient pas capables ? Longtemps j’ai cru mourir sur cette terre. Longtemps, j’ai pensé que nous ne pourrions jamais survivre à une vie sauvage. Et vois, à présent…

Silas : - Oui, mais lorsque nous nous sommes échoués sur cette île, il n’y avait personne d’autre que nous. Elle est là, la différence. Nous étions livrés à nous-même.

Kody : - Silas n’a pas tort, Naomi. Ils sont des chiens qui errent autour d’une meute de loups. Ce n’est pas bon. Ce n’est pas bon du tout.

Zoomer : (Qui jusqu’à présent restait seul, le regard figé sur la paroi de la caverne.) Et pourtant, aujourd’hui, je vois loin. Je repère le gibier à des lieux de distance, je peux suivre la course d’un goéland jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon des flots. (Il grimpe jusqu’à l’orifice de la paroi de la caverne.) Et là encore, même si la nuit et l’obscurité se sont abattues sur la forêt, je vois encore la luciole passer entre les feuillages… Avant je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez. L’île m’a transformé comme vous tous.  (En se tournant vers le groupe.)  Allez-vous renoncer à ça ? (Son regard se perd à nouveau par l’ouveture sur la paroi de la caverne.)

Dante : - Zoomer a raison. Pourrions-nous imaginer revenir à notre ancienne vie ? Ce serait un naufrage de plus. Mais pour eux, il est encore temps. Ils doivent repartir.

Yadira : - Mais comment ? On ne peut tout de même pas les renvoyer en mer…

Dante : - Il faut attendre…

Yadira : - Attendre quoi ?

Savannah : - Qu’au loin passe un navire…

Zoomer : (Soudain.) - Au loin passe un navire !

Savannah : - C’est ce que je viens de dire, Zoomer…

Zoomer : (En alerte.) – Non, je veux dire qu’au loin passe vraiment un navire…

Silas : - (En rejoignant Zoomer.) Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? Il n’y a jamais personne qui passe au large. La seule route maritime est à plus de dix miles nautiques, d’ici.

Zoomer : - Et bien, là, il y a un bateau à l’horizon.

Dante : (En s’armant de jumelles.) Poussez-vous, laissez moi voir. (Il prend le temps de balayer l’horizon avec ses jumelles.) Zoomer a raison. C’est un yacht. Pas très bien entretenu.

Savannah : - Des secours, une équipe de recherche peut être ?

Dante : - Non, c’est un bateau civil. Faut en savoir plus. Zoomer tu ne le quittes pas des yeux. Vous autres, montez la garde devant la caverne. A l’aube, nous irons sur la plage.

 

 

Le matin du sixième jour. Ailleurs sur l’île.

 

Deux hommes avancent sur le sable. Ils sont armés.

 

Joe : (Visiblement pas rassuré.) - Hé, Bob, Bob, tu sais où tu vas, là ?

Bob : (Avec ironie et agacement.) - Mais oui, bien sûr, je connais le coin comme ma poche…

Joe : - Ah bon ? Parce que ça craint, là. Faudrait pas se perdre.

Bob : - (Saisissant Joe par le col.) Mais non, connard, je plaisante. Je ne savais même pas qu’il y avait une île dans les parages. Alors comment veux-tu que je connaisse ce trou ?

Joe : - Mais alors, comment on va faire, Bob ? Si on se perd, hein ? Comment on va faire ?

Bob : - (Très agacé par les questions de Joe.) T’as qu’à jouer au petit poucet. Sème des cailloux…

Joe : - Ah, ouais, pas con ça. (Il cherche du regard au sol.) On peut semer des coquillages ? Il y en a plein sur le sable…

Bob : (Enervé.) – Mais qu’est-ce que tu es con, mon pauvre Joe. On te l’a déjà dit que tu étais con, hein ? Pour ne pas se perdre, suffit de regarder où on va.

 

Un silence pendant lequel les deux hommes continuent de progresser. Joe s’arrête, s’assoie sur le sable et retire une chaussure. Bob se retourne.

 

Bob : - Qu’est-ce que tu fous maintenant ?

Joe : - J’ai du sable plein les chaussures. J’arrive pas à marcher…

Bob : - Mais qu’est-ce t’es con, c’est pas vrai.

Joe : - Je sais. Tu l’as déjà dit. Mais j’ai du sable dans les pompes. Ça gêne…

Bob : - Tu sais ce qui gêne, là ? C’est toi, mon vieux. T’as toujours un truc de travers. Dépêche-toi !

Joe : (En se relevant.) Voilà, c’est bon. J’arrive…

 

Joe rejoint Bob en vitesse.

 

Joe : - Bob, t’es sûr que la came s’est échouée là ?

Bob : - T’as vu les débris comme moi. T’as suivi le courant marin, comme moi. Ça nous a mené directement ici.

Joe : - Et s’il y a quelqu’un sur l’île et qu’ils ont pris la came ? Comment on va faire, hein, Bob ?

Bob : (S’arrêtant et se retournant vers Bob avec un air désolé.) - Comment on va faire ?

Joe : - Ben, ouais…

Bob : - On les descends, pauvre idiot, on récupère la marchandise et on se tire de ce bled pourri.

Joe : - Et s’ils sont armés et plus nombreux, Bob, hein ? S’ils sont armés et dangereux ?

Bob : (Très énervé.) Mais quel naze, ce mec, quel naze ! Où t’as vu que des naufragés sont armés, toi ?

Joe : - Et si il y a des sauvages dangereux et cannibales, hein, Bob ? Ca peut arriver, ça, qu’il y ait des sauvages ou toute une tribu de singes hyper agressifs…

Bob : (Toujours désolé.) - Des singes hyper agressifs ?

Joe : - Ben, ouais, dans « Robinson Crusoé », il y a plein de trucs comme ça…

Bob : (Adressant plusieurs gifles à Joe.) – Mais il m’énerve ce mec, il m’énerve… C’est toi le singe, ici. Mais t’es sûrement moins malin qu’un primate.

Joe : - Arrête Bob, tu me fais mal. Pourquoi tu me frappes ?

Bob : - Parce que tu m’énerves avec tes questions débiles, pauvre idiot. Réfléchi, on est armé jusqu’aux dents, les sacs bourrés de munitions et de grenades. Qu’est-ce que tu veux qu’ils nous arrivent ?

Joe : - Des grenades ? (Joe regarde dans son sac avec un air dépité.)

Bob : - Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu fais cette tête ?

Joe : - Je crois qu’on a oublié les grenades sur le yacht…

Bob : (Très énervé, il gifle encore Joe.) On a oublié les grenades ? On a oublié ? C’est toi qui devais t’occuper des grenades, non ?

Joe : - Arrête, arrête Bob. J’aime pas quand tu frappes…

Bob : - Ecoute-moi bien, pauvre crétin, le patron veut qu’on récupère la marchandise coûte que coûte. Et si c’est pas le cas, il a promis de se débarrasser de nous. Et tu sais quoi, Joe ?

Joe : - Non, quoi ?

Bob : - Je vais lui faciliter la tâche. Si on ne retrouve pas cette came, je te jure que je te bute en premier… Passe-moi la radio.

Joe : (En lui tendant le sac.) – Tiens. Elle est dans le sac.

Bob : - Encore heureux. (Il tente de brancher la radio.) Et merde, on capte rien sur cette île. Bon, on avance. Tu passes devant.

Joe : - T’es sûr Bob ?

Bob : - T’avances ou je te bute maintenant.

Joe : - Ok, ok, te fâches, Bob…

 

Les deux hommes poursuivent leur exploration.

 

 

Le sixième jour

 

Au camp de la plage, les jeunes naufragés se réveillent. Bonnie est assise face à la mer.

Maureen la rejoint.

 

Maureen : - Ça va ?

Bonnie : - Je m’inquiète pour Alec. On part quand ?

Maureen : - Dès que tout le monde sera réveillé, je crois.

Katie : (De loin.) Hé, les filles, faut se préparer. On va y aller.

Bonnie : - On arrive.

 

Maureen et Bonnie se lèvent et rejoignent Todd, Katie et Sacha.

 

Todd : - Ok. Tout le monde est là ? Alors, voilà des lances bricolées hier soir. Elles pourront nous être utiles. (Il en donne une à Katie, Bonnie et Maureen.)

Katie : - Tu te débrouilles bien, Todd.

Todd : - Mieux vaut être armé comme ceux qui ont enlevé Alec. Les armes inspirent le respect chez les indigènes.

Sacha : - Et moi ? Je voudrai une lance aussi…

Todd : - Non, non, Sacha. Tu es trop jeune pour avoir ce genre de joujou entre les mains. C’est dangereux.

Sacha : - Mais je pourrai pas défendre Bouchon si on l’enlève comme Alec.

Maureen : - Nous allons te défendre, toi et « bouchon ». Ne t’inquiète pas.

Sacha : (Elle boude.) J’suis pas jeune. Je suis vieille comme vous.

Bonnie : - Boude pas, Sacha. Maureen a raison. On sera là tout près de toi…

 

Bonnie n’a même pas le temps de finir sa phrase que certains membres du clan de la caverne encerclent très rapidement les jeunes naufragés.

 

Dante : - Inutile de vous donner cette peine. Votre copain est notre prisonnier.

Sacha : (Se cachant derrière Todd.) Les sauvages ! Ils viennent nous prendre…

Todd : - Du calme Sacha. Ils ne sont pas plus sauvages que nous. (A Dante.) Où est Alec ? Qu’en avez-vous fait ?

Dante : - Il va bien. C’est vous qui avez un problème. Il faut que vous partiez.

Maureen : - Elle est bonne celle-là. Et comment ? Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, c’est pas de tout cœur que nous nous sommes échoués sur cette plage.

Silas : - On est au courant. Le problème c’est que vous ne pouvez pas rester quand même.

Kody : - Vous n’êtes pas chez vous. Cette île nous appartient. On trouvera bien le moyen de vous renvoyer d’où vous venez.

Katie : - Cette île est à vous ? Je ne savais pas que des gens aussi jeunes avaient les moyens de se payer une île.

Savannah : - On ne se l’est pas payé. On y vit, c’est tout.

Bonnie : - Vous y vivez. Avec vos familles, vos parents ? Il y a un village dans les parages ? Nous n’avons rien vu de semblable par ici.

Savannah : - On est pas là pour vous donner des explications. Par contre c’est à vous de vous expliquer.

Todd : - Expliquer quoi ?

Savannah : - Ça ! (Elle jette un sac de cocaïne à leurs pieds.) Ça vous dit quelque chose peut être.

Todd : (Filant à une cachette sous la tente.) Merde. Les sacs de coke. Ils les ont pris.

Katie : - Todd. Je croyais que vous vous étiez débarrassés de cette cochonnerie, toi et Alec.

Todd : - Tu délires ? Si les proprios débarquent, c’est notre billet de retour.

Maureen : - Tu déconnes, Todd. C’est du n’importe quoi.

Sacha : - Pourquoi ils ont volés les sacs de farine ?

Silas : - Voilà. Ça, c’est une bonne question.

Kody : - Alors ? On vous écoute ? Qu’est-ce que vous faites avec ça et d’où ça vient ?

Dante : - Vous avez entendu la question ou faut que je vous la répète ?

Todd : - C’est pas à nous. Ont les a trouvé sur la plage après le naufrage.

Dante : - Peu importe. Vous allez nous suivre. On s’expliquera plus tard. Allez en avant.

Savannah : - Et dépêchez-vous, il y a une bonne petite trotte jusqu’à notre camp.

 

Les naufragés passent devant menacés par les arcs du clan de la caverne.

 

 

Le sixième jour. Dans la caverne.

 

Alec mange des fruits sous le regard de Zoomer, Naomi et Yadira.

 

Naomi : - C’est pas l’appétit qui te manque, toi.

Alec : - Faut bien se rabattre sur quelque chose.

Yadira : - Profite. Ça ne durera pas.

Alec : - Ok. Vous allez nous faire quoi ? Nous bouffer ?

Naomi : - Dis pas de conneries. On était là bien avant que vous n’arriviez. C’est tout.

Alec : - Vous étiez là… Et comment vous êtes arrivés là ?

Yadira : - Un naufrage. Comme vous.

Alec : - Quoi… Depuis combien de temps ?

Naomi : - Si tu veux savoir, j’avais à peine huit ans qu’on a débarqué sur cette île. Aujourd’hui, j’en ai treize.

Alec : (Manquant de s’étouffer avec le fruit qu’il mangeait.) – Quoi ? Ça fait quatre ans que vous êtes là ?

Zoomer : - Presque cinq. Avec Dante et Savannah nous avons appris à nous en sortir.

Alec : - Et personne n’est venu à votre secours ? Personne ne vous a cherché ?

Naomi : - Tu rêves, toi. Tu ne sais pas que lorsque tu disparais en pleine mer, les recherches  aboutissent une fois sur dix ? C’est immense l’océan. Si tu cherches quelqu’un, faut une sacrée chance pour le retrouver. Surtout si ton bateau a sombré corps et biens.

Alec : - Mais cette île…

Yadira : - Elle est à plusieurs milles de toute route maritime. Qu’est-ce que tu crois ? Ils se contentent de chercher là où il y a du passage. Vont pas nous chercher éternellement.

Disparus en mer. Fin de l’histoire.

 

Soudain Bob, arme à la main, fait irruption dans la caverne.

 

Bob : - Ben voilà. Je savais bien qu’on trouverait quelqu’un.

 

Zoomer s’était caché dans l’ombre lorsque Bob et Joe sont apparus.

 

Joe : - T’avais raison Bob. Il y a du monde dans ce trou. (En pointant son arme sur Yadira qui tente de sortir.) Toi, je te conseille d’aller te rasseoir avec tes petits camarades.

Bob : - Ouais, tout le monde reste bien sagement assis et tout se passera bien. Ok, les mômes ?

Naomi : - Qu’est-ce que vous voulez ?

Bob : - La règle du jeu a changé. C’est moi qui pose les questions ma petite. Vous êtes seuls, ici ?

Yadira : - On est seuls.

Bob : - Attention, me raconte pas d’histoire petite ou sinon…

Joe : - Bob. C’est des gosses quand même.

Bob : S’il y a des gosses, il y a des adultes pas loin. C’est forcé.

Alec : - Ben, dans notre cas. Il y a que nous.

Bob : - Pourquoi t’es attaché, toi ?

Alec : - On faisait un jeu.

Bob : - Un jeu ?

Alec : - Ouais. On jouait aux indiens. C’est interdit ?

Bob : - Ok. Tout le monde va attendre tranquillement qu’un adulte se pointe.

Joe : - Peut être qu’ils disent la vérité, Bob.

Bob : - Où t’as vu que les gosses racontent la vérité, toi ? Il n’y a pas plus menteur qu’un mouflet. Fais-moi confiance.

Alec : - Et pourtant…

Bob : - Boucle-la, toi.  On ne t’a pas sonné.

Yadira : - Les seuls adultes qu’on connaît, c’est une tribu qui vit plus au nord.

Bob : - Une tribu ?

Naomi : - Ouais. Des sauvages, des vrais. C’est pour ça qu’on s’est réfugié dans cette caverne.

Joe : (Panique un peu.) - Bob, il y a des sauvages, tu vois ? Ça craint. Je t’avais dit qu’il y avait des sauvages dans le coin. Oh, bordel. Qu’est-ce qu’on va faire, Bob ?

Bob : - On bouge pas. On attend.

Joe : - Mais s’ils se pointent, les sauvages, hein, Bob ? S’ils se pointent ?

Bob : - Ferme-la, je te dis. Et va faire le guet à l’entrée de la grotte au lieu de chialer comme une mauviette. Moi je garde un œil sur la crèche.

 

Joe sort à contre cœur. Bob s’assoit face aux jeunes, sort une cigarette et va pour l’allumer.

 

Alec : - On fume pas devant des enfants.

 

Bob allume sa cigarette et regarde Alec avec un air de défi.

 

 

 

Le sixième jour. Sur le chemin de la caverne

 

Le groupe des naufragés fait route vers la caverne.

 

Todd : - Je vous répète que cette came ne nous appartient pas.

Savannah : - Boucle-la et avance. On s’expliquera plus tard.

Sacha : - Qu’est-ce qu’ils vont nous faire ?

Bonnie : - Rien, Sacha. Ne t’inquiètes pas. Je suis certaine qu’on va trouver un moyen de…

Dante : (S’accroupissant en faisant signe au groupe de s’arrêter.) Silence. Quelqu’un approche…

 

Zoomer déboule en courant et s’arrête essoufflé.

 

Silas : - Zoomer, tu devais rester avec les autres.

Zoomer : - On a un problème. Les mecs de la drogue sont à la caverne, ils ont pris Naomi, Yadira et Alec en otages.

Kody : - Ils sont combien ?

Zoomer : - Deux.

Savannah : - C’est le bateau qu’on a aperçu. Doivent être plus de deux, c’est certain.

Zoomer : - Ils attendent votre retour. Ils sont armés et pas commodes. Yadira leur a fait croire qu’il y avait des sauvages sur l’île et que nous étions les seuls.

Dante : - Ouais, j’imagine qu’ils ne vous ont pas cru. (Un silence où Dante réfléchit.) J’ai une idée. S’ils ne croient pas qu’il y a des sauvages sur l’île, on va leur donner la preuve du contraire. En route. Et lorsque nous serons proches de la caverne, faudra se tenir sur nos gardes et être discrets.

 

Le groupe poursuit son chemin.

 

 

Le sixième jour. Plus tard, dans la caverne.

 

Bob tient toujours Naomi, Yadira et Alec sous la menace de son arme. Soudain, on entend le cri de Joe à l’extérieur de la caverne.

 

Bob : - Qu’est-ce qu’il a encore celui-là ? (Appelant.) Joe ? Qu’est-ce que tu fous ? Qu’est-ce qu’il y a ?

 

Joe apparaît totalement paniqué.

 

Joe : - Bob ! Bob ! Regarde ! Une flèche ! J’étais en train de pisser contre un arbre et soudain elle est venu se planter juste à côté de ma tête. Il y a des sauvages, il y a des sauvages !

Bob : - La ferme. Calme-toi…

Joe : - Mais il y a des sauvages, Bob. On est encerclés, c’est sûr…

Bob : (Saisissant Joe par le col.) Je t’ai dis de la fermer. Passe devant. On va aller voir. (S’adressant aux jeunes.) Et là, on ne bouge pas. Sinon,…

 

Bob et Joe sortent.

 

Alec : - Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Je croyais qu’il n’y avait pas d’indigènes sur cette île…

Yadira : - Il y en a pas. Mais je crois savoir qui a fait ça. (Elle détache Alec.)

Naomi : - Qu’est-ce que tu fais, Yadira ? T’es folle ?

Yadira : - Réfléchis. T’as pas reconnu la flèche ? C’est Todd et les autres. C’est sûr. Ils viennent nous chercher.

Alec : - La bonne nouvelle. Bon et maintenant, on fait quoi ?

Naomi : - On attend.

Alec : - Faut se tirer d’ici, tu veux dire.

 

Alec n’a pas le temps de faire un mouvement pour sortir que Dante surgit de l’obscurité et lui barre le passage. Il leur fait signe de se taire et de le suivre. Les jeunes disparaissent dans l’obscurité de la grotte. Un temps plus tard, Joe réapparaît dans la caverne.

 

Joe : - Bob ! Bob !

Voix off de Bob : - Qu’est-ce qu’il y a encore ? Tu vas arrêter de hurler comme une bonne femme, oui… (Bob apparaît.)

Joe : - On a un problème Bob. Les marmots se sont fait la malle.

Bob : (En giflant Joe.) Mais c’est pas vrai, c’est pas vrai. T’es trop con.

Joe : - Arrête. Arrête de me frapper. C’est pas de ma faute.

Bob : - Ok. Faut les poursuivre.

Joe : - Maintenant ? Avec tous les sauvages qui nous attendent dehors en plein nuit ?

Bob : - Sauvages ou pas, tête de gland, faut les rattraper, je te dis. Je suis sûr qu’ils savent où se trouve la marchandise. Vont me payer ça ces petits merdeux.

Joe : - Mais Bob. Ça craint là dehors…

Bob : - M’énerve pas, Joe. Et passe-moi la radio, je vais prévenir les autres. Je monte là-haut, ça sera plus facile pour capter quelque chose. (Il disparaît.)

Joe : - Bob ? Fais-vite, hein. Me laisse pas tout seul… Si les sauvages attaquent…

Voix off de Bob : - Ta gueule, Joe, ta gueule…

 

 

 

A l’aube du septième jour

 

Sur la plage d’une crique isolée, les filles du groupe des naufragés patientent.

 

Katie : (En cherchant au loin.) - Qu’est-ce qu’ils fichent ? Le soleil se lève et ils ne sont toujours pas de retour… Il a du se passer quelque chose…

Savannah : - T’inquiète pas. Les garçons connaissent tous les recoins de cette île.

Katie : - Et s’ils tombent nez à nez avec les malfrats ?

Savannah : - Il n’y a pas de risque. Dante sait ce qu’il fait.

Sacha : - Qu’est-ce qu’on va faire si les méchants reviennent ?

Bonnie : - Ils ne nous trouveront pas, Sacha. Ici, on est bien caché.

Naomi : - C’est la plus jeune d’entre vous ?

Maureen : - Oui. C’est la première à s’être réveillée lorsque nous nous sommes échoués sur l’île.

Naomi : - Elle est courageuse.

Maureen : - Et pourtant, j’imagine qu’elle a du avoir très peur. Et vous ? Qu’est-ce que vous faites ici ?

Naomi : - Nous sommes des naufragés comme vous. Mais ça fait plus longtemps que nous sommes là.

Yadira : - Notre bateau a été chaviré par un grain blanc. A part nous, personne ne s’en est tiré.

Bonnie : - Alors, c’est ça qui aurait fait se retourner notre bateau.

Yadira : - Ça ne pardonne pas ce genre de phénomène. Tout est au beau fixe et puis soudain, en l’espace de quelques minutes, se sont des vents de plus de trois cent kilomètres à l’heure qui se lèvent.

Maureen : - Et rien n’en réchappe. On a vu ça.

Sacha : (Fière.) - Bouchon, lui, il s’en est sorti. Il est fort bouchon.

Katie : - Si au moins un bateau pouvait passer au large, on pourrait lui lancer un S.O.S., faire un immense feu pour qu’il nous repère…

Yadira : - Il n’y a jamais aucun bateau qui passe au large, même pas un avion. Je ne suis même pas certaine que cette île soit signalée sur une carte.

Sacha : - Bouchon va nous sauver. Il est malin Bouchon…

 

Sacha n’a pas le temps de terminer sa phrase que les garçons réapparaissent.

 

Katie : - Alors ?

Dante : - Ils ne sont que deux. Les autres sont toujours sur le yacht. Ils doivent être une dizaine au total et armés jusqu’aux dents.

Bonnie : - Mais comment on va faire pour s’en sortir ?

Todd : - J’ai peut être une idée mais c’est risqué.

Alec : - C’est risqué aussi d’attendre là. Tôt ou tard, ils vont nous retrouver…

Silas : - T’inquiète. On saura les accueillir comme il faut.

Kody : - Ouais. On a un avantage. On connaît l’île mieux qu’eux.

Alec : - Un avantage ? Des arcs contre des pétoires, t’appelle ça un avantage, toi ?

Dante : - Ecoutons ce que Todd veut nous dire. Nous verrons bien.

Todd : - Quand je vous disais que la coke serait notre billet de retour et bien la voilà, l’idée.

Alec : (Agacé.) - Il recommence avec sa coke. Je te signale que c’est à cause de ta daube qu’on est dans cette fichue merde.

Todd : (Le ton monte.) - C’est bon Alec. D’abord c’est pas ma daube et ensuite tu me laisses parler…

Alec : - T’as eu que des idées foireuses jusqu’à maintenant alors je ne vois pas pourquoi…

Todd : (S’avançant menaçant sur Alec.) – Qui a des idées foireuses ? Répète pour voir…

Savannah : (Autoritaire.) - Ça va les gars, on se calme. C’est pas en vous disputant qu’on trouvera une solution.

Dante : - Savannah a raison. Poursuis, Todd…

Todd : - Ça peut nous sauver, je crois…

Sacha : - Même Bouchon peut nous sauver, tous.

Katie : - Laisse parler Todd, Sacha…

 

Le groupe se réunit autour de Todd qui poursuit ses explications.

 

 

Le septième jour. Sur le camp de la plage.

 

Bob et Joe sont sur le camp de la plage. Bob scrute l’océan avec des jumelles. Joe a retiré ses chaussures.

 

Joe : - Y en a marre de ce sable. Alors Bob, tu vois quelque chose ?

Bob : - Rien pour l’instant. Qu’est-ce qu’ils foutent, bon sang…

Joe : - J’espère qu’ils vont débouler avant que les sauvages n’arrivent…

Bob : - Arrête avec tes sauvages, Joe, t’es lourd.

Joe : - Ben, c’est vrai. Faudrait qu’ils rappliquent. Parce que là…

 

La radio grésille.

 

Voix de radio : - Nid à oisillons… Nid à oisillons… Me recevez-vous…

Bob : (En se jetant sur la radio.) C’est le boss. (Il tend les jumelles à Joe.) Continue de surveiller, toi. Allez, bouge-toi…

Joe : - Voilà. Voilà. On arrive…

Bob : (A la radio.) Ici, oisillons. On vous reçoit cinq sur cinq.

Voix de radio : - Alors, les tarlouzes, ce trésor, vous l’avez ou pas ?

Bob : - Ben, c’est à dire que…

Voix de radio : - Vous ne l’avez pas, quoi…

Bob : - Si… Enfin, c’est à dire que… On est sur la bonne voie…

Voix de radio : - Sur la bonne voix… Bande de crétins… Vous avez des jumelles, non ?

Joe : - Oh, oui, patron, je vous vois avec, d’ailleurs… (En faisant un signe de la main au large.) Youhou ! On est là !

Voix de radio : - Bob !

Bob : - Oui, patron ?

Voix de radio : - Est-ce que tu peux demander à ton couillon de collègue d’arrêter de nous faire signe comme un débile et de pointer ses putains de jumelles vers l’autre bout de la plage.

Bob : (A Joe en le giflant.) Arrête tes conneries, toi et fais ce que dit le boss.

Joe : - Oui, voilà, voilà. (Il scrute l’autre côté de la plage.)

Bob : - Alors, qu’est-ce que tu vois ?

Joe : - Bah, les paquets de coke échoués sur le sable…

Voix de radio : (Imitant la voix idiote de Joe.) - Les paquets de coke échoués sur le sable… (Sur le ton de la colère.) Pauvres connards… Bien sûr que c’est la coke ! Allez de suite là-bas et surveillez-moi la marchandise… On arrive…

Joe : (Qui a tourné ses jumelles vers l’océan.) Ah, ouais, il y a tous les gars qui se pointent en chaloupe avec le boss. (En faisant un signe de la main.) Youhou ! On est là…

Bob : (En giflant Joe.) Mais arrête tes conneries et bouge, bouge, tu vas énerver le boss…

 

Bob et Joe s’éloignent en courant.

Les jeunes naufragés apparaissent discrètement sur la plage.

 

Dante : - Regardez les courir à présent.

Todd : - Ça marche. Ils ont ce qu’ils veulent, ils nous laisseront tranquilles.

Maureen : - Ouais et le seul bateau qui aurait pu nous ramener sur le continent va nous passer sous le nez.

Alec : - Ah, oui ? Et bien, je préfère rester ici, sur cette île que de me retrouver prisonnier de ces types.

 

 

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